En passant à travers l'expérience d'une 'institution de mort représentée par l'armée et sa place dans nos sociétés hypermodernes, en raison de leur avancement technologique et scientifique, je suis tombé "in extremis" sur ce poème que je qualifierais de "réaliste" du fameux diplomate et poète mexicain Torres Bodet (1902-1974). Un poème qui ne traduit pas mieux la posture intérieure de ceux qu'on dit civilisés.
Un homme meurt en moi toutes les fois
Qu’un homme meurt quelque part assassiné
Par la peur et la hâte d’autres hommes.
Un homme comme moi pendant des mois caché dans les entrailles d’une mère
Né comme moi
Entre l’espérance et les larmes
Triste d’avoir joui
Et fait de sang et de sels et de temps et de rêves.
Un homme qui voulut être plus qu’un homme
Capable de léguer joyeusement ce que nous
[laissons aux hommes à venir
[…]
Un homme meurt en moi, chaque fois qu’en Asie ou au Moyen-Orient
Sur le bord d’un fleuve d’Afrique ou [au désert d’Afghanistan] la balle d’un homme tue un autre homme
et sa mort défait tout ce que je croyais avoie hissé
en moi sur des roches éternelles :
La foi en mes héros
L’orgueil que j’avais d’être homme
En entendant mourir Socrate dans Platon
Et jusqu’à la saveur de l’eau, et jusqu’au clair plaisir
De reconnaître que deux et deux font quatre
Car denouveau tout est mis en doute
Tout
De nouveau s’interroge et pose mille questions sans réponse
A l’homme où l’homme
Pénètre à main ‘Armée’
Dans la vie sans défense d’autres hommes.
Soudain brûlées,
Les racines de l’être nous étranglent
Et plus rien n’est sûr de soi
Ni dans la semence le germe
Ni dans l’aurore pour l’alouette
Ni dans le roc le diamant
Ni les ténèbres l’étoile
Lorsqu’il y a des hommes qui pétrissent le pain de
[leur victoire
Avec la poussière sanglante
D’autres hommes
Un homme meurt en moi toutes les fois
Qu’un homme meurt quelque part assassiné
Par la peur et la hâte d’autres hommes.
Un homme comme moi pendant des mois caché dans les entrailles d’une mère
Né comme moi
Entre l’espérance et les larmes
Triste d’avoir joui
Et fait de sang et de sels et de temps et de rêves.
Un homme qui voulut être plus qu’un homme
Capable de léguer joyeusement ce que nous
[laissons aux hommes à venir
[…]
Un homme meurt en moi, chaque fois qu’en Asie ou au Moyen-Orient
Sur le bord d’un fleuve d’Afrique ou [au désert d’Afghanistan] la balle d’un homme tue un autre homme
et sa mort défait tout ce que je croyais avoie hissé
en moi sur des roches éternelles :
La foi en mes héros
L’orgueil que j’avais d’être homme
En entendant mourir Socrate dans Platon
Et jusqu’à la saveur de l’eau, et jusqu’au clair plaisir
De reconnaître que deux et deux font quatre
Car denouveau tout est mis en doute
Tout
De nouveau s’interroge et pose mille questions sans réponse
A l’homme où l’homme
Pénètre à main ‘Armée’
Dans la vie sans défense d’autres hommes.
Soudain brûlées,
Les racines de l’être nous étranglent
Et plus rien n’est sûr de soi
Ni dans la semence le germe
Ni dans l’aurore pour l’alouette
Ni dans le roc le diamant
Ni les ténèbres l’étoile
Lorsqu’il y a des hommes qui pétrissent le pain de
[leur victoire
Avec la poussière sanglante
D’autres hommes
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