12 juillet 2021

L'humain demeure inchangé

Chaque être humain représente une version du monde, qu’il reçoit sans choisir, pour ensuite l’enrichir, la nier ou la défendre. Version qui, en réalité, est lui-même un monde qui prend racine avant que l’analyse et la discrimination n’aient pu faire leur entailles. Ainsi l’humain est pris au piège du monde en lequel il est comme une banquise dans la mer, comme un poisson prisonnier d’un aquarium. 

La part submergée, royaume intérieur échappant à la fonction logique, aux puissances du rationnel ou des systèmes figés, aux armures de l’ordre et de l’efficacité. Tout le domaine du sur-rationnel demeure évolution créatrice, source de vie, lieu d’unité des autres avec soi. Il revient à chacun, de se reconnaître, d’assumer ses possibles et ses limites, d’entreprendre en toute authenticité son par-cours en aventure d'histoire. En cela, il demeure inchangé en son unicité et aucun instrument, aucune technique, aucun pouvoir ne peut l'ouvrir à l’intégration de son origine spirituelle dont l’innocence de l’enfant demeure l'archétype. Il n’y a pas de congé au discernement, à l’urgence des choix, à l’appel à la désegocentration. Rien qui est à la  mode ne dure, car ce qu'on croit nouveau passe, va passer. et ne peut combler le cœur humain. Nous entrons dans une ère de l’invention du quotidien où seules les créateurs et les spirituels trouveront leur voie. Nulle recette, mais la possibilité accrue pour chacun de se retrouver soi-même comme autre antérieur au moi que l'on s'imagine être. Cette Voie est désormais aussi difficile qu’impérieuse, elle est unique mais chacun a la sienne.

M.G.L., 12 juillet 2021 

                             


20 juin 2021

L'estuaire

L'estuaire fait intuitionner l'impensable

mirouair de la déité c'est-à-dire de la Nature!

                     âmes simples et démodées discipline 

ça n'a de cesse de reflèter à travers les vitraux

                     source et écoulement d'excédant 

mouvement déstructurant;

              par nature                                            

                    le composé ne peut que

                                            se décomposer.



M.G.L., un matin à proximité d'un non-lieu près des substances, 15 juin, 2021


13 mai 2021

I am no one

L'embrassement du corps de l'esprit,

la jouissance de ne plus avoir de corps,

c'est oeuvre de Nature.

Vivre avec quelqu'un,

 c'est un essai d'assurance,

mais "la Nature n'est pas un assureur".    


Aux tours de la falaise rocheuse

1-Dans une contrée éloignée, d'une île du nouveau monde vivait un vieux professeur. Il avait été chassé de l'ancien monde pour ses idées d'avant-garde - ce qui de ce temps était appelé hérésie -, c'était un docte ignorant.

2-Lorsqu'il emménagea aux tours de la falaise rocheuse - avec son épouse qui habite autrement le monde, différence ontologique oblige - il commença à errer dans un cimetière non loin d'une université maudite par la sainte église. Cette enceinte, autrefois du savoir fut privée, pour cette raison, de la sagesse immémoriale, parce qu'elle voulait enlever la vue à ceux qui voient.

Ce ravage des consciences durait depuis un demi-siècle.

3-Cherchant la vérité toute nue, le vieux professeur - qui avait frôlé la mort plusieurs fois -, ne trouva dans sa quête "inutile" que des momuments funèbres consacrés à des "croyants" d'un type étrange qui se vouaient au culte du néant.

4-Après maintes réflexions, il demanda à son épouse qui avait réponse à tout :  "que m'est-il permis d'espérer?"

Et la sainte lui dit : "Vaut mieux adorer ce néant qu'un dieu mort en qui personne ne croit plus !" D'ailleurs, même le vieux pape nazi avait pris pour idole un âne qu'il adorait au grand midi !

Le vieux professeur se résigna et trouva la paix...

5-Son disciple de l'île Jésus, qui était connu sur cette île, pour ses sparages intempestifs et son exaltation désordonnée, lui aussi, avait entendu la sainte et se prosternant devant elle, il reçu sa bénédiction.

6-Peu de temps après, il entra au Monastère de la Montagne Coupée et l'on n' entendit plus jamais parler de lui.

Il semblerait, que grâce à la clairvoyance de la sainte de Notre-Dame-des-neiges, lui fut révélé le fait qu'il n'y avait pas d'âme en ce monde.

Il se perdit en ce lieu somptueux situé dans la Nature et, y trouvant Dieu, il s'oublia.

 Avec les hommages de votre  dévoué frère Ramus du grand eckhart

28 mars 2021

Il est temps

Il est temps d'écouter le son du silence

Il est temps de revêtir l'homme intérieur

C'est kaïros, le temps approprié

pour revenir à ce point de désert

où je ne suis rien

à la Source

au fond de soi.

 

M.G.L., 24 mars, 2020.


25 mars 2021

Pour Jean Lavoué en hommage d'incarnation


"...dans le monde, il n'y a de condition humaine que poétique "

Hennebont johannique

en temps d'indigence,

"la croix des philosophes"

résonne comme

une déflagration du Poème,

où  cet homme habite

comme un "arbre de gestes".


Ce poète de Bretagne 

dit l’effervescence

des formes belles

dans l'enlacement 

des branches

de l'Arbre de vie.


Martin Laramée, 25 mars 2021.



 

[1] Unus interpares, l’un et le multiple, une proposition philosophique jamais dépassée en Occident.

[2] Michel de Certeau disait de l’humain qu’il est « un arbre de gestes » dans sa station debout en ouverture à l’Absent.

2 mars 2021

Synthèse de Paul Ricoeur: Vivant jusqu'à la mort - Fragments


    Dans cette belle méditation - bien que hantée par un certain pessimisme qui donne à penser à l'agnosticisme, un philosophe se débat avec l’espérance de survivre, tout en se trouvant dans l’impossibilité intellectuelle et/ou philosophique d’acquiescer à toute vision naïve d’un autre monde qui serait le monde en double, ou la copie, de ce monde-ci. Il faut faire le deuil de toute image, de toute représentation. En cela il constate qu'il n'y a pas de consolation face à l'homme qui meurt debout.

    Paul Ricoeur débute en disant que ce texte est une méditation philosophique sur la mort où il tient à affirmer que sa réflexion est purement philosophique et, de ce fait, autosuffisante en ce qu'elle récuse l'attribut de "philosophie chrétienne" et les représentations de la mort et de l'après-vie, rattachées à cette tradition. La tâche de la réflexion philosophique est d'analyser, de clarifier. Cette clarification conceptuelle a déjà valeur thérapeutique. Ricoeur s'impose une sobriété de l'imagination, une analyse critique des représentations.

    C’est en 1996 que Paul Ricœur, âgé de 83 ans, ose poser la question : « Que puis-je dire de ma mort?» Comment « faire le deuil d’un vouloir-exister après la mort ?» Cette longue réflexion sur le mourir, sur le moribond et son rapport à la mort, également sur l’après-vie (la résurrection), passe par deux médiations : celles de survivants des camps de la mort - Jorge Semprun et Primo Lévi - et une confrontation avec l'exégète Xavier Léon-Dufour sur le concept de résurrection. 

    Cette méditation advient au moment où commence à s’éteindre doucement sa compagne Simone. Il éprouvait alors une grande angoisse et pour rester vivant multipliait voyages et écrits. La rédaction du texte a été interrompue délibérément en avril 1997 car cette méditation, cette ascèse devenait insupportable. Son épouse est décédée en janvier 1998. La santé de Ricoeur se voit décliner petit à petit, car il désespère d'une vie après la mort. 

    "Capax mortis", devenir capable de mourir était alors son seul souci. Quelques jours avant sa mort, il déclara avec grande simplicité : « Je suis entré dans le temps de l’essentiel. » Cette période éprouvante devient une lutte douloureuse traversant l’abattement, la peur, la solitude de celui qui s’en va et affirmant sa volonté d’honorer la vie jusqu’à la mort.

    La seconde partie du livre est faite de textes écrits en 2004 et 2005, que le philosophe a lui-même appelés « fragments » (sur le « temps de l’œuvre » et le « temps de la vie », sur le hasard d’être né chrétien, sur l’imputation d’être un philosophe chrétien, sur la controverse, sur Derrida, sur le Notre-Père…). Textes courts, rédigés parfois d’une main tremblante, alors qu’il est déjà fatigué. Le dernier, de Pâques 2005, a été écrit un mois avant sa mort.

Paul Ricoeur fut un des plus importants philosophes du XXe siècle, il passa sur l'Autre rive le 20 mai 2005.

 


In Dürftiger Zeit - En temps d'ingence

Dans notre milieu de vie,
"En temps d'indigence"
Dante et Paul Celan
disent encore
le sacré
qui nous reste.

Poïétisant
le rien de notre 
existence;
Parangon poïétique
de la pensée,
ils furent 
et demeurent.

Mais Heidegger clame
le désespoir 
de son impasse
oubliant)
"l'inapparent".

Nouvelle religiosité ?
Métamorphose
de l'énergie du désespoir.
Continuation poéïtique 
par tous les moyens.

L’Être ne fut 
oublié par eux
au lieu de l'Autre.

Là-même où événement du sacré
l'humain est a portée de l'homme,
dans l'utopie 
                            de la liberté.

Théopoésie ou Dichtung à propos d'un livre récent de Peter Sloterdijk

  A quoi sert la religion ? D’où vient notre besoin de textes religieux ? Dans un essai exigeant, le philosophe allemand explore les rouages...