28 juillet 2010

De la consolation

Qu'est-ce que la consolation sinon la part qu'on concède à la mort afin d'exaucer la vie au-dessus d'elle-même, afin de nous rappeler que chaque instant peut être le dernier et, que rien ici bas,  ne dure plus longtemps que ce qui est inscrit en lui.

Mais qu'est-ce alors que la consolation sinon un art de vivre la mort au présent pour mieux sauver le présent de la mort. Ne faudrait-il pas retracer la consolation à la naissance de la philosophie?

La parole qui me nomme donne sens à mon action humaine. Ça nous fait découvrir que dans nos actions l'on se construit ou le contraire. Car dans ma responsabilité éthique indéniable, le fait d'envisager l'autre, c'est en devenir irrémédiablement responsable.

Si le travail de l'Autre se profile à travers le désir qui nous donne de vivre et de souffrir, ultime signe que nous sommes en vie et influencé par une volonté supérieure; ceci nous amène à comprendre que la philosophie se substitue à la tragédie. La communion dans la douleur de l'autre me rend plus humain, elle me révèle autre à moi-même dans ce transport qui me mène vers l'autre qui me constitue. Il y a de l'Autre tout aussi bien en moi qu'en celui ou celle dont je me fais proche et ça console plus qu'on ne saurait le dire, la simple présence à l'autre.

Vouloir consoler les autres, n'est-ce pas sans lieu, c'est-à-dire u-topique, (ça vient du grec utopos) parce que chacun est in-consolable selon ses propres termes? 

L'exemple de la pièce fameuse Silouan's song du musicien contemporain Arvo Pärt est d'emblée révélatrice dans sa densité mystique, de ce qui anima le staretz Silouane et, nous rappelle de façon peu commune, que la solitude et le silence, tout aussi bien que l'expérience de la souffrance,  nous font sentir la proximité de l'être de Dieu et nous enveloppe de sa consolation, lui qui fait figure de consolateur.

Comment trouver aujourd'hui la consolation à la détresse humaine?

Peut être en ceci, que lorsqu'on croit être confronté au rien de la souffrance et de la mort, on  est,  plus que jamais, face à quelque chose de plus grand qui demande beaucoup de nous-mêmes et, qui toujours, nous fait aller plus loin que l'on s'imagine. Une simple parole, celle de Maître Eckhart , elle  nous enjoint à penser que la souffrance est le plus sûr coursier vers la perfection de la compassion en humanité.

1 commentaire:

  1. Oui, nous recherchons partout et toujours la consolation. Comme le Christ au Jardin des Oliviers, nous vivons notre agonie tandis que les apôtres s'endorment profondément autour de nous. Nous la cherchons face à des amours impossibles, face au deuil qui nous isole dans notre passé, face aux défaites de carrière et à l'abandon de projets de vie. Nous trouvons nulle part cette épaule compatissante qui, même inutile dans notre désarroi, nous permettrait d'exprimer pudiquement notre chagrin. Et plus nous avançons dans la vie, plus nous sentons le poids de ce manque. N'est-ce pas le thème de l'une des dernières chansons de Brel: «Voir un ami pleurer», chanson thème du film de Lauzon, «Un zoo la nuit»? Nous nous inventons alors des visions de l'esprit pour nous rassurer: la Résurrection d'entre les morts, le triomphe des Justes sur les Méchants, le mystère de l'histoire, l'interprétation whig de l'histoire, l'utopie découverte comme un vestige de l'Atlantide des bienheureux. C'est pathétique, dans tous les sens du terme. Mais tels nous sommes et tels nous continuerons d'être tant que l'homme sera l'homme. Alors? porter le fardeau de notre croix, ce à quoi nous sommes tous condamnés un jour ou l'autre, avec l'espoir qu'un Nicodème viendra nous aider à la porter, ne serait-ce qu'un instant? La seule consolation qui apparaît possible, c'est lorsque nous sentons que notre manque de consolation est partagée par tous. Que nous ne sommes pas seuls à vivre cette tragique destinée d'être heurtés sans être consolés. Nous sentons s'éveiller en nous le «souci de l'autre», de notre prochain, et se fonde alors un début de réciprocité sur laquelle nous aurions tant intérêt à asseoir la solidarité des liens interpersonnels, avec l'espérance que suivront les rapports sociaux.

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