2 avril 2022

À propos du deuil


'' Faire son deuil ” peut sembler paradoxal mais c'est une tâche qui nous construit.

Le deuil peut apparaître comme un moment d’impuissance, cela dépend en premier lieu de notre vision de la mort, de notre relation avec elle : compagne amicale sur le chemin de la vie ou malédiction qu'il faut fuir à tout prix?

Pourtant, cet événement est bien réel, sorte d'agression de l'intérieur de soi-même ou moment de réconciliation avec soi-même et notre propre fin; hélas, nous n’y pouvons rien. Il s'agit donc de l'accueillir, de le porter, de s'y abandonner aussi sereinement que possible, car le deuil est un phénomène naturel dans l'aventure humaine.

Le deuil est plein de vie, ce travail spirituel consiste à accueillir notre pauvreté, nos limites personnelles tout en acceptant la perte dont nos vies sont tissées. Ici la vigilance psychologique est de mise, en effet, l'attention pare à l'éventualité que cette période de guérison et d'intégration de la réalité ne se transforme, dans une trop longue durée, en mélancolie qui devient alors un problème spirituel beaucoup plus profond.

Revêtir le deuil fait nécessairement partie de la vie, le reconnaître pour ce qu’il est évite de le transformer en opposition pouvant dégénérer en conflit intérieur à la première occasion et nous plonger dans un état qui, en son extrême, peut frôler la pathologie. Dans cette perspective, il faut intégrer la disparition de l'autre pour réaliser absolument “ce temps de détachement et d'abandon à ce qui est la condition destinale du sujet humain”.

Car dans notre société de consommation - de performance et de vitesse détestables et exécrables face aux expériences psychologiques de la mort et du deuil -, l'esprit du temps (Zeitgeist) nous enjoint à «escamoter » la mort, ce qui rend à nul autre pareil le temps du deuil aussi pénible que périlleux en sa prolongation, si l'on tente sans conscience d'en faire l'économie. Et pourtant rien, il n'y a rien de plus impossible. Le deuil fait partie de la vie, c'est plein de vie en cet espace. Car le jour que l'on ressent de la joie plutôt que de la tristesse, à la pensée du disparu, le deuil est résolu, accompli. C'est le propre de l'intégration du processus de cette grande énergie qu'est la Mémoire.

28 mars 2022

Vers une perçée de l'Être





Un homme de maturité innée est bon parce qu'il comprend tout en fonction de la nécessité du devenir. Il pardonne, et il surmonte son impatience, car il connaît la sagesse de l'Être qui veut « que tout se fasse en son temps! »
Ce n'est pas la mesure de l'achèvement supérieur des formes qui lui importe, car il ne connaît qu'un seul manquement : demeurer dans l'isolement égocentrique, dans la séparation, s'arrêter sur le Chemin, qui est finalement la voie de l'Unité. 
Son amour, toujours tendu vers une croissance salutaire, ne se permet plus de répit. Grâce à sacompréhension, il réussit à « dissoudre », nœud après nœud.   Il écarte les pierres qui gênent le pas suivant. Il ne prive pas autrui des fruits salutaires de la souffrance, car il sait combien elle est fertile, mais il indique comment la transformer d'une manière créatrice. Et jamais il n'oublie que tout ce qui vient de l'Être, vient à son heure.

Karlfried Graf Dürckheim, La percée de l'être : Ou les étapes de la maturité, 1971.

Théopoésie ou Dichtung à propos d'un livre récent de Peter Sloterdijk

  A quoi sert la religion ? D’où vient notre besoin de textes religieux ? Dans un essai exigeant, le philosophe allemand explore les rouages...