28 juillet 2012

Un risque absolu à la liberté

Interview avec François Roustang.
http://www.youtube.com/watch?v=29m2MbqzOwU

François Roustang est un philosophe et hypnothérapeute français né en 1923.
De 1956 à 1967, François Roustang contribue à la revue jésuite Christus, qu'il co-dirige avec Michel de Certeau à partir de 1963. Alors membre de la Compagnie de Jésus, il publie Jésuites de la nouvelle France en 1961 et Une initiation à la vie spirituelle en 1963.

De 1965 à 1981, il est membre de l'École freudienne de Paris de Jacques Lacan. Il suit une courte analyse de deux ans avec Serge Leclaire. Alors qu'il vit cette expérience comme une libération (il quitte l'ordre des jésuites), il est frappé de constater l'esprit de soumission qui règne au sein de l'École freudienne. Il s'intéresse alors à la question des relations maître-disciple dans l'histoire de la psychanalyse. En 1976, avec la publication de Un destin si funeste, il fait une lecture critique des relations entre Sigmund Freud et certains de ses « disciples » tels Sandor Ferenczi, Carl Jung ou Georg Groddeck.

En 1978, il publie l'article Suggestion au long cours dans la Nouvelle Revue de Psychanalyse, dans lequel il souligne le rôle de la suggestion dans la cure analytique. Cet article sera repris en 1980 dans son livre Elle ne le lâche plus.... Les contributions de François Roustang à la revue Critique dans les années 1980 illustrent sa prise de distance progressive avec la psychanalyse et son intérêt pour l'hypnose. En 1980 il publie un article sur le livre du psychiatre Léon Chertok, Le non-savoir des Psy, en 1983, un article sur deux livres d'Octave Mannoni. En 1985 il publie un article sur le livre du philosophe Michel Henry, Généalogie de la psychanalyse. À cette même époque, en 1983, il participe à une rencontre sur l'hypnose à l'hôpital Fernand Vidal en compagnie de René Girard et Mikkel Borch-Jacobsen. Roustang se forme à l'hypnose, notamment avec Judith Fleiss et avec des hypnothérapeutes américains formés par Milton Erickson. En 1986 il confirme la rupture avec l'héritage de Lacan avec la publication de Lacan, de l'équivoque à l'impasse.

Outre sa pratique clinique, qui est à la source de ses nombreux écrits, on trouve dans l'œuvre de François Roustang l'influence de philosophes tels Friedrich Nietzsche et Ludwig Wittgenstein. Bertrand Méheust souligne également la proximité de la position de Roustang avec celle des anciens «magnétiseurs». Il s'est notamment intéressé aux théories de philosophes tels Hegel ou Maine de Biran sur le magnétisme animal. Roustang s'inspire aussi des travaux de nombre de ses contemporains parmi lesquels on peut citer Léon Chertok, Michel Henry, Michel Jouvet, Daniel Stern, et le sinologue Jean François Billeter. On mentionnera également l'influence de Gregory Bateson sur sa pensée.

Cf. Wikipedia



5 juillet 2012

Biographie intellectuelle du professeur Bertrand Rioux

Parce que l’être n’a jamais été assumé par la réflexion philosophique
comme l’origine du temps et de l’histoire du monde dans cet entre-deux
de l’être et de l’étant, la vérité de l’être n’a jamais fait l’objet d’une
réflexion thématique.
                                                                                       Bertrand Rioux (1)

Bertrand Rioux est né le 8 mars 1929. Originaire d’Amqui au centre de la vallée de la Matapédia au Québec, il est petit-fils d’agriculteurs et fils d’un marchand général rassembleur. Il commence ses études classiques au séminaire de Rimouski; après le collège, il choisit de s’orienter vers la philosophie et commence son cursus philosophique à l’Université de Montréal, au semestre d’automne 1951. Il y demeurera jusqu’à l’obtention de sa Licence, en 1953. C’est durant ces années qu’il découvrira l’humanisme d’un philosophe qui devait avoir une influence durable sur sa pensée, le célèbre philosophe de l’être Jacques Maritain (1882-1973).

Après le baccalauréat, durant lequel les questions d’humanisme, de métaphysique et de phénoménologie retiennent singulièrement son attention, il décide de consacrer sa thèse à la pensée politique de Maritain. C’est à cette époque qu’il fit la connaissance d’un professeur qui eut une influence cardinale sur le jeune étudiant, le père Louis-B. Geiger. Durant la même année, les portes de l’École normale Jacques-Cartier s’ouvrent au jeune licencié en philosophie, qui s’inscrit au carrefour des traditions phénoménologique et scolastique. De 1953 à 1957, il y enseignera tous les traités de philosophie – de la logique à l’épistémologie en passant par la métaphysique, jusqu’à la morale et au politique.

En 1957, il transite vers Paris où il entreprendra une thèse de doctorat tout à fait originale, sous la direction de ce grand spécialiste de Kierkegaard que fut le professeur Jean Wahl (1888-1974). Le thème choisi émerge depuis la lecture de Vom Wesen der Wahrheit (1930) (2), de Martin Heidegger. Un «tournant » étonnant advient alors pour le jeune philosophe, se transformant à l’instant même en préoccupation décisive pour lui touchant la question fondamentale de la vérité ou « du sens de l’être » en philosophie. Cette question se radicalise jusque dans son essence fondamentale comme vérité de l’Essence (3). Il déploiera sa réflexion dans une « entreprise pleine de périls » mais "qui méritait d’être tenté" aux dires de Paul Ricoeur, avec la comparaison des doctrines de deux penseurs essentiels de la tradition philosophique occidentale : un penseur contemporain, Martin Heidegger et le grand docteur médiéval, Thomas d’Aquin.

1 L’être et la vérité chez Heidegger et saint Thomas d’Aquin, Montréal-Paris, PUM-PUF, 1963, p. 6.
2 De l’essence de la vérité, traduction française, Paris, Gallimard 1959.
3 Vom Wesen der Wahrheit, p. 23, trad, p. 100.

Partant de Heidegger, il démontrera audacieusement la primauté de la pensée de la vérité de l’être telle que conceptualisée par Thomas d’Aquin. Ce qui permettra à Rioux de mettre en lumière, chez le penseur de la Forêt noire, le passage de la vérité du Dasein comme rapport de l’étant en totalité à la méditation de l’oubli de l’être; cet oubli déjà inséparable de la vérité de l’être faisant apparaître, de ce fait, « une ontologie de la vérité qui repose sur le dévoilement de tout être (ens) dans l’être (ipsum esse) ».

De passage à Montréal en novembre 1959, avant sa soutenance doctorale à l’Université de Paris, il rencontre le professeur Louis-Marie Régis, alors doyen de la faculté de Philosophie. Ce dernier lui fait une « promesse d’engagement », qui devait se concrétiser après une soutenance de thèse remarquable (qui lui valu une mention et les félicitation du jury composé de Jean Wahl, Paul Ricoeur et Maurice de Gandillac), à la Sorbonne, au début de l’été 1960. Le jeune philosophe s’y distingua par son audace, sa rigueur et son originalité. C’était là un prélude exceptionnel à l’enseignement de la philosophie de l’être et des philosophies de l’existence, au point d’en faire un acteur déterminant, l’initiateur de l’enseignement de la philosophie allemande et de la phénoménologie à l’Université de Montréal, au début des années soixante. Dans ses écrits et dans l’esprit de ses étudiants et de ceux qui l’ont côtoyé, Bertrand Rioux laisse derrière lui les traces indélébiles d’un esprit vraiment supérieur.

Martin G. Laramée M.A. (Th); M.A. (Ph)




Théopoésie ou Dichtung à propos d'un livre récent de Peter Sloterdijk

  A quoi sert la religion ? D’où vient notre besoin de textes religieux ? Dans un essai exigeant, le philosophe allemand explore les rouages...